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Alfred Nakache : à la vie, à la mort, à Auschwitz...

24min | 26 Jan. 2023Partager
Alfred Nakache posant tout sourire dans son club des Dauphins du TOEC.

Introduction

Alfred Nakache, ce nom ne vous dit peut-être pas grand chose, mais pourtant, il évoque le patronyme d'un des plus grands nageurs français de sa génération. Arrêté par la Gestapo en 1943 à la suite d'une dénonciation, il est contraint de rejoindre le camp de concentration d'Auschwitz… Il y vivra l'enfer, mais, même dans les pires moments, la natation ne le quittera jamais et aidera à le sauver, à tel point qu'il est surnommé, le “nageur d'Auschwitz". Retour sur la vie et la carrière d'Alfred Nakache, homme au grand talent, mais surtout homme au grand cœur…

Avant de commencer cet épisode, j'aimerais faire une spéciale dédicace à Chris qui m'a présenté sur YouTube cette idée de sujet. Je n'avais jamais entendu parler d'Alfred Nakache et, franchement, elle mérite d'être beaucoup plus connue que ça, alors merci à Chris pour ton partage. Ensuite, le deuxième point que je comptais souligner avant le début de l'épisode est la source de tous mes extraits sonores que vous allez entendre. Ces bandes son sont extraites du documentaire de Christian Meunier : Alfred Nakache, le nageur d'Auschwitz.

La natation dans le sang

On peut donc désormais commencer… Alfred Nakache, c'est :

  • Champion d'Afrique du Nord de 100m nage libre
  • Champion du monde universitaire de 100m nage libre
  • Deux participations aux JO dans deux disciplines différentes
  • 21 titres de champion de France
  • 3 records d'Europe
  • 3 records du Monde

Mais pourtant, sa plus grande victoire, ce n'est pas dans les bassins de piscine qu'il l'obtiendra, mais en terre polonaise durant la Seconde Guerre Mondiale : à Auschwitz… Il défiera l'autorité secrètement afin de remonter le moral des prisonniers, et tout ça, grâce à une piscine de fortune.

Tout commence le 18 Novembre 1915 lorsqu'Alfred naît à Constantine en Algérie française à l'époque. Alors cadet d'une famille de onze enfants, il a une peur phobique de l'eau et n'ose même pas approcher une piscine ou un océan. A l'âge de dix ans, son père le jette à l'eau, et quel ne fut pas son étonnement, de voir son fils réaliser les mouvements de nage parfaitement alors que celui-ci ne s'était jamais baigné de sa vie ! C'est un déclic pour tous, et à l'âge de 14 ans, il rencontre un soldat français qui décide de lui apprendre à nager. La natation ne le quittera plus jamais jusqu'à la fin de ses jours !

Nakache faisant un grand signe de la main, tout sourire, dans une piscine.

Et c'est le début d'une grande carrière qui s'ouvre à Nakache, il remporte son premier trophée chez lui à Constantine à l'âge de 16 ans, et déménage à Paris à l'âge de 18 ans, en 1933. Son ascension est fulgurante, la même année, il participe aux championnats de France et termine en vice-champion de France l'année suivante sur l'épreuve du 100m nage libre, derrière un certain Jean Taris, le plus grand nageur français d'avant-guerre, et également son idole !

Un physique et une âme de champion

Sportivement, les français découvrent un diamant brut, qu'il faudra polir afin d'en révéler son éclat. Mentalement, les français découvrent un homme, plus qu'un simple sportif. Alfred Nakache c'est aussi une gueule ! Une vraie bonne gueule au sens propre du terme, les cheveux noir crépus, les sourcils épais, toujours le sourire jusque derrière les oreilles, le petit mot pour faire rire et détendre l'atmosphère mais aussi une bonté incarnée, jamais dans le jugement, toujours dans l'entraide et l'acceptation de l'autre. Et enfin, c'est aussi un physique. Une vraie carrure de nageur, 85kg de muscles bien établis, prêt à en découdre dans les bassins.

Le début de la gloire, certes, mais également le début des problèmes...

Ce physique sculpté lui permet alors d'affronter la plus grande compétition du monde qui se présente devant lui : les Jeux Olympiques ! Il fait partie de l'équipe de France de 4x200m. Mais il y a un problème, les Jeux Olympiques de 1936 ont été attribués à Berlin qui est depuis passé sous un régime nazi avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Or, Nakache est juif… Et avec le pouvoir antisémite qui est mis en place en Allemagne, Nakache a peur pour sa vie… Il décide finalement de s'y rendre ! Mais ce n'est pas tout, ce sont maintenant des problèmes de santé qui vont remettre en cause sa participation… Le journal Paris-Soir écrit : “Il est absolument certain que Diener, Taris et Cavalero vont s'aligner au départ. En ce qui concerne Nakache, il souffrait hier d'une légère angine. Il est resté 4 jours sans nager et il n'est pas certain qu'il se sente assez fort pour se présenter au départ, sinon ce sera Talli qui le remplacera”. Mais après la course des éliminatoires, ce même journal écrira : “Quel beau départ de Nakache, quel cran, quelle persévérance de Talli, Cavallero et Taris !” Et, même s'il ne gagne pas de médailles en final, il réussit tout de même un beau pied de nez au pouvoir nazi, en terminant à une belle 4ème place avec l'équipe de France devançant, de 8 centièmes l'équipe allemande !

L'équipe de France de relais 4x200m lors des Jeux de Berlin en 1936.
Les nageurs de l'équipe de France de relais 4x200m aux JO de Berlin en 1936. De gauche à droite : Jean Taris, René Calavelero, Alfred Nakache, Christian Talli et l'entraîneur Georges Hermant.

De retour à Paris, licencié depuis 1934 dans son club du Racing Club de France, il décide de le quitter après avoir été la cible de remarques racistes et antisémites. Il intègre alors le Cercle des Nageurs de Paris. Il passe son service militaire et obtient son diplôme de prof de sport en 1939. C'est d'ailleurs au cours de l'obtention de ce diplôme qu'il rencontre Paule, celle qui est devenue sa femme le 06 Octobre 1936. Mais sa vie à Paris va se compliquer à la suite de l'abrogation du Décret Crémieux par Philippe Pétain. Alfred Nakache est déchu de sa nationalité française qu'il avait en tant que Juif d'Algérie. Sa femme et lui, s'ils veulent continuer de pouvoir travailler doivent fuir en zone libre ! C'est ce qu'ils font en emmenant leur enfant avec eux et mettent alors le pied à terre à Toulouse en Janvier 1941. Mais pourquoi Toulouse ? Parce qu'il existe l'un des clubs (si ce n'est le club) le plus renommé de France : les Dauphins du Toec, entraîné par le fameux Alban Minville ! Ces dauphins vont très vite devenir une seconde famille pour lui.

Et ça paye ! Deux mois seulement après son arrivée dans son nouveau club, il devient nouveau recordman de France du 200m brasse. Et c'est l'enchaînement ! Trois mois plus tard, il réalise l'un des plus grands exploits de sa carrière en devenant recordman du monde de cette discipline avec un temps de 2 minutes et 36 secondes, record qu'il détiendra pendant près de 5 ans.

Journal L'Auto du 07 Juillet 1941 où l'on annonce le record du monde du 200m brasse de Nakache
Extrait du journal L'Auto du 07 Juillet 1941 annonçant le record du monde de Nakache en 200 mètres brasse.

Au lendemain de son record du monde, alors qu'il se promenait sur les bords de la côte marseillaise, il sauve quelqu'un de la noyade ! Décidément, ce week-end restera gravé dans la mémoire de tous ceux qui l'ont vécu…

Alfred est assurément, l'un des meilleurs, si ce n'est LE meilleur nageur du monde à l'époque ! Sur leur site internet, les dauphins du TOEC regrettent aujourd'hui qu'il n'y avait plus de très grandes compétitions internationales à l'époque à cause de la guerre, sinon, aurait très bien pu rentrer dans l'histoire olympique française en 1940 ou en 1944…

Recordman du monde, certes, mais également précurseur… Hé oui, il adopte un style de brasse encore peu courant pour l'époque, la brasse papillon ! L'histoire raconte que c'est l'allemand Erich Rademacher qui utilise pour la première fois ce style si caractéristique, qui consiste à ramener ses bras hors de la surface de l'eau après avoir effectué son mouvement de propulsion. Mais encore peu utilisée à l'époque, c'est bien Alfred Nakache qui démocratise ce style, tellement plus efficace qu'une brasse classique. Certains nageurs n'hésitent pas à alterner au sein d'une même course, la brasse classique, la brasse coulée et la brasse papillon, ceci afin de s'économiser ou d'accélérer suivant les tournures de la course. Puis à force d'entraînement, tous les nageurs terminent par nager le papillon et laissent de côté la brasse classique, moins rapide… C'est d'ailleurs ce qui a obligé la Fédération Internationale de Natation à séparer officiellement ces deux styles de nages en 1953.

Revenons à l'histoire de notre cher Artem comme il est surnommé. Viennent alors les championnats de France de natation en 1943, organisés… à Toulouse. Quelle belle occasion de continuer à remplir son armoire de trophées, déjà bien garnie de 14 titres de champions de France, et ceci sans compter les relais par équipe !

Le début de la fin...

Mais dans le pays, la situation a évolué… L'histoire de France et d'Europe à cette époque là le rattrpape, l'antisémitisme grandit de plus en plus, de la part de médias, de français, ou même de nageurs… Le français Jacques Cartonnet, rival de toujours de Nakache, vient de rentrer dans la milice ! Le commissariat aux sports interdit de compétition tout sportif juif ! La conséquence est terrible, Alfred Nakache ne peut pas participer aux championnats qui ont lieu à domicile, dans son club… En signe de protestation, c'est tout le club des dauphins du TOEC qui décide de se retirer de la compétition. L'action est forte ! Un championnat de France, à Toulouse, mais sans Toulouse ! Avec eux, ce sont 8 autres nageurs qui décident de se retirer des championnats en guise de soutien à Artem. En tout, c'est plus d'une trentaine de nageurs qui s'écartent délibérément de ces championnats, mais rien n'y fera, la compétition a eu lieu sans lui et sans tous ces nageurs…

L'antisémitisme gagne maintenant la Zone Libre, Alfred et Paule commencent à se sentir de moins en moins en sécurité et tentent de fuir vers l'Espagne. Mais les pleurs de leur jeune bébé leur font craindre de mettre en péril la vie de tous les autres membres du groupe qui tentent l'exil avec eux. Le couple rebrousse ainsi chemin et rentre vers Toulouse.

La bascule vers l'horreur

Le 20 Décembre 1943, Alfred, Paule et leur fille Annie sont tous les trois arrêtés par la Gestapo et le couple est transféré dans un premier temps dans la prison Saint-Michel de Toulouse. Leur fille, elle, est envoyée dans une crèche maternelle toulousaine. De suite, les rumeurs vont bon train, Nakache aurait été dénoncé à la Gestapo ou à la milice, mais jamais, l'implication de Cartonnet ne sera prouvée, celle-ci demeure encore aujourd'hui un mystère… Le lendemain de Noël, ils retrouvent leur fille mais sont envoyés tous ensemble vers le camp de Drancy où ils y restent un mois avant de finalement être acheminés vers le camp d'Auschwitz en Janvier 1944.

Il ne les reverra plus jamais…

Arrivé sur place, Alfred Nakache, n'est plus Alfred Nakache, il devient le matricule 127 763. Après une perte d'identité, ce sont des humiliations que va devoir subir le nageur. Il est forcé de ramener du fond de bassins de rétention d'eau, tout un tas d'objets jetés par ses bourreaux. Alfred est alors les poings liés et est contraint d'aller chercher avec les dents les poignards jetés par les gardiens au fond de l'eau ! Un poignard, des clés, des cailloux, … Toutes les sortes d'objets sont bonnes pour humilier le sportif. Des articles nécrologiques sont même rédigés dans des journaux français où la population apprend donc le décès du grand champion Nakache.

Extrait du journal L'Humanité du 31 Août 1944 annonçant le décès d'Alfred Nakache.
Extrait du journal L'Humanité du 31 Août 1944 annonçant le décès d'Alfred Nakache.

Mais en contrepartie, Alfred fait preuve d'un cran et d'une témérité monstre ! Durant tout l'été, les dimanches, dans ces mêmes bassins de rétention d'eau servant de réserves anti-incendies, Alfred Nakache et ses amis organisent des séances de natation entre détenus dans la plus grande discrétion, et ceci sans jamais ne s'être fait prendre par les officiers nazis. Ils nagent pour oublier l'enfer qu'ils vivent, ils nagent pour oublier la faim, la soif, la peur, ils nagent pour retrouver un semblant de liberté… C'est pour ces actions qu'Alfred Nakache est de nos jours surnommé “Le nageur d'Auschwitz”. Tout ce système était bien rodé, pendant que des co-détenus montaient la garde et faisaient le guet devant les bassins de rétention d'eau, Nakache avait le temps d'organiser les séances de nage avec ses autres co-détenus.

Une autre preuve de la bonté du nageur est lorsqu'il reçut un petit cadeau de nourriture à titre exceptionnel de La Croix Rouge dû à son statut de personnalité connue, il le partagea avec trois de ses compagnons et garda la plus petite part.

L'horreur n'est pourtant pas finie… En Janvier 1945 il participe à ce qu'on appelle “Les marches de la mort”, il quitte Auschwitz à pied dans la neige et le froid et avec tous les autres détenus, ils doivent marcher pendant deux jours et trois nuits glaciales, où plusieurs milliers de prisonniers meurent. Il est ensuite acheminé jusqu'au camp de Buchenwald où il est libéré en Avril 1945 mais ne pesant plus qu'une quarantaine de kilos. Ses premières pensées sont d'essayer de retrouver sa femme et sa fille : “Aucune nouvelle depuis que nous avons été séparés sur le quai de la gare. Je conserve un faible espoir, un espoir tout de même. Mais toutes les femmes, les enfants et tous les inaptes ont été brûlés au four crématoire. Je me réadapte peu à peu et compte me fixer définitivement à Toulouse. Peut-être y remonterai-je la salle de culture physique que je dirigeais avant ma déportation. Physiquement, je reprends le dessus, mais le moral est touché”. Il apprendra seulement en 1946 via une lettre du ministère des armées que sa fille a été gazée peu après son arrivée à Auschwitz mais n'eut jamais aucune nouvelle de sa femme, supposant qu'elle a subi le même sort…

Extrait du journal La Pitié Salpétrière du 28 Avril 1945 annonçant le retour des camps d'Alfred (Artem) Nakache.
Extrait du journal La Pitié Salpétrière du 28 Avril 1945 annonçant le retour des camps d'Alfred (Artem) Nakache.

Le renouveau d'un homme meurtri à jamais...

Rentré chez lui à Toulouse, il retrouve sa deuxième famille, les dauphins du TOEC. Il retrouve très vite sa forme physique quelques semaines après son retour, mais comme l'écrivent les dauphins sur leur site internet : “Les dauphins sauront l'accueillir, s'efforçant, mais était-ce possible, de lui faire quelque peu oublier ce qu'il vient de vivre. Il comprend alors que son salut passe par les bassins.” Et effectivement, son salut passe par les bassins qu'il survole. Tiens parlons d'un bassin en particulier justement, celui de sa ville d'adoption qu'est Toulouse. Lorsqu'il est rentré des camps, il a eu la surprise de découvrir que la piscine municipale de Toulouse a été renommée en son nom ”Piscine Alfred Nakache” afin de rendre hommage au sportif qu'on croyait disparu. La piscine porte d'ailleurs toujours son nom à l'heure actuelle. C'est donc dans sa piscine éponyme qu'Artem va effectuer la plupart de ses entraînements afin de retrouver la forme physique. Seulement quelques mois après son retour des camps, il redevient champion de France en Août 1945 sur les épreuves de relais 4x200m et 3x100m 3 nages. Un an après, il redevient champion national individuel sur l'épreuve du 200m brasse. Et son retour en pleine puissance atteint son paroxysme durant l'été 1946 où il devient, avec Alex Jany et Georges Vallerey recordman du monde du 3x100m 3 nages. Record qu'ils parviennent à améliorer en septembre de la même année et deviennent également nouveaux recordmans d'Europe du 4x200m en compagnie de Jehan Valleray. Il collectionne les records et les médailles comme un pied de nez à ses bourreaux qui l'ont humilié durant toutes ces années.

Plaque commémorant le record du monde de relais 3x100m 3 nages avec Georges Vallerey, Alfred Nakache et Alex Jany.
Plaque commémorant le record du monde de relais 3x100m 3 nages avec Georges Vallerey, Alfred Nakache et Alex Jany.

Trois ans après être revenu de l'enfer, Alfred Nakache rentre encore un peu plus dans l'histoire en obtenant une nouvelle sélection pour les Jeux Olympiques qui ont lieu à Londres en 1948. Malheureusement, il échoue en demi-finale du 200m brasse. Cruel, mais le principal est ailleurs, trois ans auparavant il frôlait la mort dans les camps de concentration, et là il parvient à revenir de plus belle représenter la France au plus grand événement sportif mondial ! Il a même eu la chance d'intégrer l'équipe de France de water-polo lors de cette compétition et de terminer à une belle 6ème place.

A partir de cette date-là, il va commencer à s'éloigner de plus en plus des compétitions professionnelles mais la natation restera toujours un point central dans sa vie. En 1950, il retrouve l'amour et épouse Marie, une jeune femme de Sète et retrouve sa joie de vivre légendaire. Les amis également, c'est sacré ! Après avoir découvert la ville de Cerbère dans les Pyrénées-Orientales, il y passera de très longs jours et soirs avec ses amis, entre parties de pêches, entre discussions jusqu'à tard dans la nuit au café, entre la plage et le soleil, entre la natation régulière dans le port de Cerbère… Il a aussi présidé son club d'adoption que sont les dauphins de 1961 à 1965. Il déménagera plus tard à La Réunion pendant 4 ans où il monte un club de natation avant de revenir dans le Sud de la métropole. C'est d'ailleurs en exerçant sa raison de vivre qu'il y trouvera la mort le 4 Août 1983, succombant à une crise cardiaque alors qu'il effectuait son kilométrage quotidien de natation dans le port de Cerbère. Il est désormais enterré dans la section 7 du Cimetière du Pys, à Sète, où une plaque commémorative de Paule et d'Annie a été apposée afin de leur rendre aussi hommage. En 2016, c'est Marie, la seconde femme d'Alfred qui vient les rejoindre dans le lieu de recueillement familial, non loin de la fameuse tombe de Georges Brassens, enterré lui aussi dans ce même cimetière.

Alfred Nakache à la pêche.

Pour terminer cet épisode, j'aimerais vous raconter une anecdote qui va vous faire prendre conscience de la gentillesse et de la belle âme de cet être humain. A la fin des années 1960, alors qu'il sortait du café avec ses amis à Cerbère, une voiture d'un couple d'allemand tombe en panne juste en face de lui. Il leur vient donc en aide en allant demander à des locaux un jerrican d'essence. Au moment où Artem leur tend le bidon d'essence, il remonte légèrement sa manche et expose ainsi au couple allemand son matricule de déporté juif d'Auschwitz tatoué sur l'avant-bras. Le jeune couple devient tout blême, stupéfait et en reste pantois. C'est alors que Nakache leur dit “Je ne vous en veux pas. Vous êtes jeunes et pas responsables, nous allons nous serrer la main car c'est ça qui compte, c'est la réconciliation.” Nakache, un homme enjoué dans n'importe quelle situation, toujours le sourire aux lèvres et un homme bon, comme la Terre n'en a que trop peu connu…

Crédits de l'épisode sur Alfred Nakache